Monday, February 15, 2016

Le dynamisme du Coran

La bonne manière de lutter contre l’intégrisme islamiste

Les attentats terroristes à Paris ont de nouveau soulevé la question de savoir comment lutter contre l'extrémisme islamiste. Ils ont également suscité un débat sur la source du problème et d'une certaine façon si le problème est dans l'islam ou dans ceux qui abusent de la religion de plus d'un milliard de personnes en faveur de leurs propres intérêts et objectifs.

On aurait pu en dire autant sans doute il y a quelques siècles du christianisme. L’inquisition a été menée sous couvert du christianisme par ceux qui se considéraient comme les représentants de Dieu.

Alors qu'on pourrait estimer naturel certaines réactions spontanées contre les musulmans dans leur ensemble, cette approche fournit en fait un terrain fertile aux intégristes pour faire avancer leurs perspectives haineuses et recruter davantage. Par conséquent, pour réussir, il est essentiel de faire la distinction entre les terroristes et les musulmans, mais aussi entre l'islam et ce que les extrémistes prétendent être l’islam.

En même temps, c’est aux musulmans d'être à l'avant-garde pour dénoncer les extrémistes, et à lutter contre eux sur tous les fronts pour éradiquer ce phénomène vicieux qui ternit leur religion. C’est pour cela que l'OMPI, qui croit dans l’islam, n'a jamais hésité à parler d’ «intégrisme islamiste », « extrémisme islamiste » et même de terrorisme émanant de ce phénomène. En effet, c’est l’OMPI qui en premier a publié en 1993 un livre aux États-Unis intitulé : « L’intégrisme islamiste : la nouvelle menace mondiale ». Malheureusement, l'avertissement n'a pas été pris au sérieux à l’époque.

En faisant cette distinction entre l'islam et les extrémistes, l'OMPI a pu s’opposer à Khomeiny à l'apogée de son autorité et révéler le vrai visage de ce dictateur et des intégristes à la société iranienne. En faisant cette distinction, l’OMPI a pu déclarer ouvertement qu'elle ne croit pas dans les lois de la charia, qu'elle les considère contraires à l’islam. Plus important encore, elle a influencé les autres à la suivre sur cette voie. Avec ces conceptions et cette approche, l’OMPI a prôné avec succès la séparation de la religion et de l'État et l'égalité des femmes et des hommes.

Pour faire cette distinction, l'OMPI n'a pas demandé aux musulmans de renoncer à leur religion ou d’en changer le contenu, mais plutôt il leur a offert le message authentique de l'islam. Il montre aux musulmans que l'islam ne signifie pas l’application à la lettre de règles conçues il y a 14 siècles, mais plutôt qu’un engagement vis-à-vis des principes de l'islam demande une approche dynamique.

L'essai qui suit donne une explication du dynamisme de Coran qui, selon ses propres enseignements, voit certaines de ses règles annulées dans le temps et de nouvelles adoptées sur la base du progrès et des réalités de l'époque.

J'espère que vous trouverez cela utile.
Cordialement




Le dynamisme du Coran



Contre la vision statique de l'islam et les interprétations extrémistes du Coran défendues par les mollahs en Iran et d'autres groupes intégristes, chiites comme sunnites, l'OMPI a d’emblée transmis une vision alternative, une vue principalement initiée par Mohammed Hanifnejad à la création et dans les premières années de l’OMPI sous le chah, et qui a ensuite été développée à la fin des années 1970 et au début des années 1980 par Massoud Radjavi. L'alternative qu’incarne l’OMPI comprend donc une interprétation dynamique et progressiste de l'islam qui voit le Coran comme un témoignage de foi vivant, suffisamment adaptable pour guider les musulmans à travers les défis et les épreuves de leurs propres vies, ainsi qu’à travers les vicissitudes de l'histoire. Enraciné dans la liberté et la pleine égalité des hommes et des femmes, l'islam que prône l’OMPI est celui qui défend le pluralisme, la laïcité, une auto-gouvernance démocratique, et très à l'aise dans le monde moderne. À cet égard, l'OMPI reste à l'avant-garde de la pensée politique musulmane contemporaine dans son plaidoyer en faveur de la séparation de la religion et de l'Etat.

En tant qu’une des grandes religions monothéistes du monde, l'islam englobe un système philosophique très riche, avec une vue d'ensemble de l'existence, de la société et de l'histoire, plutôt qu'un catalogue calcifié et excessivement punitif de décrets, comme cela paraît si souvent avec les intégristes. L'islam articule chacun de ses concepts et principes fondamentaux au sein d'une philosophie globale de Towhid, ou unicité, qui à son tour fournit la base de la croyance musulmane dans l'unité essentielle et l'unité de l'univers, en tant que la création de Dieu.

Le texte central de l'islam est le Coran, composée de versets que les musulmans considèrent comme les mots de Dieu révélés au Prophète Mohammad. Le dynamisme de l'approche que fait l’OMPI de l'islam découle d'une distinction cruciale établie dans le Coran entre deux types différents de versets : les mohkamat et les motashabihat. Mohkamat, pluriel du mot « mohkam », vient de la racine « al-hokm », qui signifie «juger entre deux choses ». Les Mohkamat sont donc les principes fondamentaux de l'islam, précis et immuables, qui contiennent l'essence des conceptions de l'islam.

Motashabihat, pluriel de « motashabih », vient de la racine Ishtabaha, qui signifie «être douteux ». Les Motashabihat sont donc des injonctions qui concernent les méthodes et les règles de conduite de la vie quotidienne relative, dynamique et flexible. En tant que tel, les Motashabihat ne sont jamais rigides, se révèlent plus comme des lignes directrices pratiques que des principes, qui peuvent et doivent être adaptées au progrès humain, au progrès technologique et aux normes sociales changeantes des temps, tout en préservant l'essence unicitaire et l'esprit de l'islam.

Techniquement parlant, parmi les graves erreurs d’interprétation formulées par Khomeiny et les mollahs qui l'ont suivi, ainsi que par d'autres intégristes et extrémistes dogmatiques, il y a celle de confondre délibérément les versets mohkamat avec les motashabihat dans leur interprétation du Coran, transformant ainsi tous les décrets, préceptes et règles temporaires et historiquement occasionnels, en principes immuables. Cela contredit non seulement les définitions et les catégories établies par le Coran, mais permet également aux mollahs en Iran et à d’autres intégristes de coller les appendices historiques de décrets obsolètes au Saint Coran pour servir leurs propres fins. Pourtant, dans la sourate 3, « la Famille d'Imran », le Coran dénonce explicitement toute tentative de confondre les principes fondamentaux avec les règles transitoires. Il avertit que coller aux versets allégoriques des motashabihat revient à être entraînés dans un tourbillon, dans lequel ceux qui ont faibles d’esprits et malintentionnés se noieront.

La vision dynamique de l'islam adoptée par l'OMPI est donc fondée sur la méthodologie exprimée par le Coran et fait valoir que l'islam authentique est ouvert et s’adapte aux changements socio-historiques, politiques, culturels et économiques, qui à leur tour ouvrent la voie au progrès social. En tant que religion qui encourage activement le progrès humain, l’accomplissement et la rédemption aux yeux de Dieu, l'islam englobe non seulement les progrès de la science, de la technologie et de la civilisation, mais les favorise et les célèbre.

Les principes de base de la théologie chiite, branche de l'islam décrétée par la Constitution iranienne comme religion officielle, accentuent ce point. Le concept de l'ijtihad, à savoir la compréhension et la mise en œuvre des versets motashabihat par des interprètes qualifiés, rend impératif pour les érudits islamiques de développer des méthodes et des règles appropriées durant les périodes où ils vivent. Ce mandat, contrairement aux vues propagées par les mollahs despotiques, n’est pas le domaine exclusif du clergé. Au contraire, il relève de la responsabilité de tous les musulmans avec la connaissance nécessaire de l'islam. La nécessité de l'ijtihad encourage donc la participation de tous les musulmans dans l'apprentissage des concepts de l'islam et leur implication dans la formulation et la mise en œuvre des politiques et des décisions touchant la vie civique et politique.

Par exemple, dans son récit des vingt-trois ans de la mission du Prophète Mahomet, le Coran affiche un certain nombre de versets déclarés mansoukh, ou « périmé ». Certains versets sur les questions sociales, économiques et morales des premières années du Prophète ont été modifiés, conformément aux progrès de la société et de la culture, en faveur de nouveaux versets plus aptes à traiter de ces questions, et ils ont été révélés au Prophète plus tard dans sa vie. Cela contribue à expliquer pourquoi seulement 600 versets du Coran, moins de 10 % du total, traitent de décrets et suggèrent que le but du Coran n’est pas de légiférer la société et l'humanité à leur place. Le Coran est plutôt venu, comme il le déclare, pour libérer de leurs chaînes les êtres humains déjà soumis par des dirigeants et des lois oppressives, afin qu'ils puissent élaborer leurs modes de vie compatibles avec leur époque, lieux et cultures, libre de changer, d’évoluer et de progresser.

La différence la plus frappante entre la vision de l’islam de l’OMPI et celle des intégristes, est la position de la première sur le libre arbitre et le choix individuel. En premier lieu, le Coran stipule qu’en tant que créatures de Dieu, tous les êtres humains sont égaux, sans distinction de sexe ou d’origine. Il poursuit en disant que le libre arbitre et le libre choix sont les principales caractéristiques qui différencient les êtres humains des animaux. Les individus sont donc libres de décider pour eux-mêmes ce qui les rend responsables de leurs actes. Cette notion de responsabilité personnelle établit à son tour le cadre de la notion coranique de « taqva », qui peut être traduite à la fois par « sens des responsabilités » ainsi qu’« adaptation aux valeurs humaines les plus élevées ». Atteindre un sens toujours plus grand des responsabilités pour soi-même et les autres est un thème majeur du Coran, explicitement décrété comme un bien individuel et collectif, une quête que tout le monde doit suivre.

Lorsque ces principes sont combinés avec le mandat de l'ijtihad/interprétation à laquelle tous les musulmans doivent participer pour comprendre et appliquer comme il se doit les versets motashabihat du Coran, il est évident que l'islam permet aux gens de tous les jours de prendre les décisions nécessaires sur leur mode de vivre et fait de la souveraineté populaire la source de légitimité politique et de gouvernement. En fait, le Coran, les traditions du Prophète Mahomet et d'autres figures éminentes, comme le premier imam chiite Ali Ibn Abi Taleb, tous soulignent la nécessité de placer le pouvoir entre les mains du peuple. Ces enseignements qui sont abondants dans la théologie islamique et mettent en évidence l'importance du progrès, de la justice sociale et économique et du respect des droits de l'homme, font partie d'une tradition de pensée qui remonte à plus de quatorze siècles.

Comparativement, les intégristes ne reconnaissent pas la liberté de choix ou l'égalité et rejettent même la notion de responsabilité humaine. Dans le contexte iranien, le Vali-e-Faghih, le guide suprême, est vice-régent de Dieu sur Terre. Il tire son autorité uniquement de Dieu et donc ne doit rendre des comptes à personne ni à aucun pouvoir dans ce monde. C’est plutôt le guide suprême qui décide seul quelles lois sont divinement sanctionnées et ensuite les impose, vu que tous doivent se soumettre à son autorité absolue. En tant que tel, l’intégrisme ne considère pas les personnes comme des adultes libres, autodéterminés ou des individus autonomes mais plutôt comme des mineurs limités ou des enfants, incapables de prendre leurs propres décisions sur des questions d'importance et dont le devoir primordial dans la vie est d'obéir. Il est révélateur à cet égard que dans son livre sur « la loi islamique », Khomeiny a assimilé la relation entre souverain et ses sujets à celle d’un tuteur et des enfants.

L'OMPI soutient que son interprétation dynamique de l'islam capte mieux la vérité et l'authenticité de la religion mahométane. Basé sur les notions de liberté, d'égalité, de responsabilité et de souveraineté populaire dans le Coran lui-même, c’est une vision résolument démocratique qui croit en l'égalité de tous les peuples, l'égalité des femmes et des hommes, les droits des minorités ethniques et religieuses, et la séparation de la religion et de l'État. Cette compréhension de l'islam est adoptée par l'OMPI depuis 50 ans et c’est l'islam qui prône la laïcité, le pluralisme, la démocratie et l'auto-gouvernance. C’est un islam totalement à l’aise dans la modernité, ouvrant les bras aux sciences et à la technologie, aux institutions nationales, internationales et arrangements sophistiqués, et facilement adaptable aux innombrables opportunités et aux défis du monde moderne. Mêlé à une culture de compassion et de compréhension, de miséricorde et de pardon, c’est un islam ouvert et sensible à nos revendications communes d’'humanité et à nos chemins divers du progrès, encourageant ses voisins, partenaires et alliés, et surtout de justice. Le nouvel islam est l'islam aujourd'hui et de demain, celui qui va voir le renversement du règne tyrannique et sanglant des intégristes, et le pouvoir légitimement restauré du peuple iranien.
Dr. Sanabargh Zahedi
Juriste Islamologue


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